Lors du dernier sondage commandé par l’ADF, plus de huit Français sur dix se sont dits « attachés » à leur Département, ont considéré que le Conseil Général est une institution utile pour répondre aux besoins de la population et ont porté une appréciation positive sur son action.
Or, paradoxalement, aujourd’hui, les Départements n’ont jamais été aussi proches de l’asphyxie financière. Non pas en raison d’un défaut de gestion dans l’exercice de leurs compétences mais bien parce qu’ils n’ont plus les moyens de les financer. Plus un département est faible économiquement, plus il doit financer de RSA en taxant d’autant plus les autres habitants. Plus un département est marqué par la désertification, plus sa population est vieillissante, plus il est amené à taxer les autres habitants pour financer l’APA. Ce phénomène atteint à présent les limites du supportable.
Cette situation d’impasse budgétaire entre des dépenses, notamment sociales, qui ne cessent d’augmenter et des recettes qui ne cessent de baisser, concerne l’ensemble des Conseils Généraux de France et réunit dans une même inquiétude tous les élus concernés quelle que soit leur sensibilité politique.
Face aux efforts de gestion consentis par les Départements pour réduire leur dépenses de fonctionnement, leur volonté de ne pas accentuer la pression fiscale pour ne pas pénaliser des concitoyens déjà fortement mis à contribution par l’Etat, et leur souci de ne pas recourir démesurément à l’emprunt pour préserver l’avenir, il est désormais urgent et indispensable que l’Etat prenne ses responsabilités.
En effet, il n’est pas acceptable que l’Etat, après avoir reconnu officiellement que la situation des Départements n’était plus supportable, que le « manque à compenser » des dépenses sociales s’élevait à 4,5 Mds d’Euros, ne mette rien en œuvre pour corriger le différentiel croissant entre les dépenses relevant de la solidarité nationale et les recettes que les Conseils Généraux perçoivent pour y faire face. Le constant étant fait, l’ampleur du problème étant avérée, il est temps pour l’Etat de passer aux actes.
De la même manière, il n’est plus tolérable que l’Etat, dans un légitime souci de réduction des déficits publics et parfaitement conscient de la difficulté des Départements à équilibrer leurs budgets, fasse peser les efforts les plus importants sur les Conseils Généraux les affaiblissant encore plus et menaçant même leur pérennité.
· La diminution des dotations aux collectivités par l’Etat à hauteur de 1,5Md€ en 2014 puis de 3Md€ en 2015 qui se traduira par une baisse de 6,5 Millions d’euros dès 2014.
· Charge nette croissante des dépenses sociales non compensées de 109,2M€ en 2011, 118,2M€ en2012 et prévision de 136,2M€ fin 2013, compte tenu de la progression attendue du RSA (130M€ en hausse de 10% par rapport à 2012).
· Décision du Gouvernement d’augmenter le RSA de 10% sur 5 ans à compter de septembre : surcoût de plus de 10M€ de dépenses non prévues.
· Afflux massif et incontrôlé de mineurs isolés étrangers : hausse de 2,2M€ des crédits en 2013.
· Mesures concernant les rémunérations des agents et l’affiliation des élus à la sécurité sociale : surcoût de dépenses de plus de 2M€.
· Réforme des rythmes scolaires : impact de 750 000€ en année pleine sur le coût du transport scolaire.
· Hausses de la TVA : impact de plus de 2M€ par an.
· Report de la mise en œuvre de la taxe poids lourds : perte de 2M€ en 2013.
· Dans le même temps, la dégradation du marché de l’immobilier entraîne une forte baisse des droits de mutation, qui, dans le Bas-Rhin pourrait atteindre 10% en 2013, soit 8 M€.
Face à ces chiffres, le Conseil Général du Bas-Rhin n’est aujourd’hui plus en mesure d’assumer dans de bonnes conditions son rôle de garant de la solidarité vis-à-vis des plus fragiles mais également de garant de la solidarité des territoires où il joue un rôle indispensable aux côtés des communes, des communautés de communes, des entreprises ou du monde associatif.
Par ailleurs, le Conseil Général du Bas-Rhin se voit également contraint, pour parvenir à l’équilibre budgétaire, de revoir à la baisse ses politiques, de réduire ses investissements, impactant par là même l’activité économique locale dont il est l’un des premiers donneurs d’ordre.
Dans ces conditions, le Conseil Général du Bas-Rhin, réuni en séance plénière le lundi 24 juin 2013, souhaite alerter la représentation Nationale, le Gouvernement et les Bas-Rhinois sur la situation financière de l’ensemble des Départements et sur le rôle majeur qu’ils jouent au quotidien et qu’ils entendent continuer à jouer à l’avenir.
Au regard d’une nécessaire expression de solidarité nationale, le Conseil Général demande à minima la compensation intégrale du RSA dans les délais les plus rapides et une compensation à minima de 50% des autres allocations universelles.
A défaut, le fil de la confiance et du dialogue entre l’Etat et la Collectivité serait rompu et des actions concertées entre départements, toutes tendances confondues, seraient engagées d’ici la fin de l’année.
Conseil général du Bas-Rhin, le 24 juin 2013